La popularité du narguilé, plus communément appelée chicha, a explosé ces dernières années, touchant un public de plus en plus large, particulièrement chez les jeunes adultes. Souvent perçue comme un symbole de convivialité et de moments de détente partagés, la chicha est-elle réellement une option moins nocive que la cigarette traditionnelle ? Une question qui revient fréquemment est de savoir si une session de chicha peut être considérée comme l'équivalent de fumer quelques cigarettes.
Il est donc crucial de décortiquer les similitudes et les divergences entre ces deux méthodes de consommation du tabac. Nous allons nous efforcer de dissiper les idées fausses et d'établir les faits concernant la chicha et sa prétendue capacité à remplacer la cigarette. Notre objectif est d'analyser en profondeur les dangers spécifiques que représente la chicha et de les comparer de manière objective avec ceux associés à la cigarette conventionnelle. Nous explorerons l'équivalence perçue et réelle entre la chicha et la cigarette en termes de nicotine, d'impact sur les poumons, et de potentiel cancérigène. Nous aborderons aussi les alternatives comme l'e-cigarette et l'e-liquide.
Composition et mécanismes : décryptage de la fumée
Afin de saisir pleinement les conséquences de la chicha et de la cigarette sur notre organisme, il est primordial d'étudier leur composition respective et les mécanismes complexes qui régissent la combustion et l'inhalation de leurs fumées. Comprendre la différence entre le tabac à chicha et le tabac utilisé dans les cigarettes est essentiel pour évaluer leur impact relatif sur la santé.
La cigarette : un cocktail chimique bien connu
La cigarette est bien plus qu'une simple feuille de tabac enroulée. C'est un assemblage complexe de tabac séché, enrichi d'une multitude d'additifs chimiques. Les experts estiment qu'une seule cigarette peut contenir jusqu'à 7500 composés chimiques différents, dont une part importante est reconnue pour être toxique et cancérigène. Parmi les principaux éléments constitutifs, on trouve la nicotine, un alcaloïde responsable de la forte dépendance associée au tabagisme, les goudrons, des résidus visqueux qui se déposent insidieusement dans les poumons et les voies respiratoires, ainsi qu'une variété d'additifs conçus pour rehausser le goût et faciliter l'assimilation de la nicotine par l'organisme. La combustion de ces additifs chimiques contribue également à la toxicité globale de la cigarette.
Lorsque le tabac et ses additifs sont soumis à la combustion, ils génèrent une fumée qui est aspirée par le fumeur. Cette fumée est un mélange complexe de particules fines, de gaz toxiques tels que le monoxyde de carbone, et de composés organiques volatils. L'inhalation répétée de cette fumée provoque des lésions significatives au niveau des poumons, du système cardiovasculaire, et d'autres organes vitaux. Les risques de la cigarette sont bien documentés, en particulier pour les fumeurs réguliers et ceux qui sont exposés au tabagisme passif.
Les effets immédiats de la consommation de cigarettes se manifestent par une accélération du rythme cardiaque, une élévation de la pression artérielle, une irritation des voies respiratoires et une diminution de la capacité pulmonaire. Sur le long terme, le tabagisme est impliqué dans un risque accru de développer divers types de cancers, des maladies cardiovasculaires, des affections respiratoires chroniques et d'autres problèmes de santé graves. 25% des fumeurs réguliers décèdent prématurément à cause du tabac.
La chicha : une composition en apparence plus simple, mais tout aussi toxique
La chicha, également désignée sous le nom de narguilé, est un dispositif de fumage qui utilise une préparation de tabac particulière appelée tabamel. Le tabamel se compose de tabac, de mélasse, de glycérine et d'arômes divers. Bien que sa composition puisse sembler moins complexe que celle d'une cigarette, la combustion du tabamel et du charbon utilisé pour générer la chaleur nécessaire produit une fumée qui s'avère tout aussi toxique, voire davantage, que celle émanant d'une cigarette classique. La qualité et le type de charbon utilisés ont un impact significatif sur la toxicité de la fumée de la chicha.
Le principe de fonctionnement du narguilé repose sur la filtration de la fumée à travers un volume d'eau. La fumée issue de la combustion du charbon et du tabamel est aspirée à travers un conduit, puis traverse un récipient rempli d'eau avant d'être inhalée par le consommateur. L'idée répandue est que l'eau agit comme un filtre, retenant les substances toxiques. Cependant, il est important de noter que cette filtration est loin d'être complète et ne parvient à retenir qu'une fraction limitée des composés nocifs présents dans la fumée. La température de l'eau joue également un rôle dans l'efficacité de la filtration. L'eau froide tend à condenser certains composés, mais ne les élimine pas complètement.
La nature du charbon employé pour chauffer le tabamel exerce une influence notable sur la composition de la fumée. Le charbon naturel, fabriqué à partir de bois ou de coquilles de noix de coco, tend à générer moins de monoxyde de carbone que le charbon à allumage rapide, qui contient des additifs chimiques destinés à faciliter son ignition. Une session de chicha standard nécessite généralement l'utilisation d'un ou deux morceaux de charbon, chacun brûlant pendant une durée approximative de 45 minutes à une heure. La qualité du charbon influe sur la durée de la session et la quantité de fumée produite.
Les conséquences immédiates de la consommation de chicha se rapprochent de celles observées avec la cigarette, incluant une accélération du rythme cardiaque, une élévation de la tension artérielle, une irritation des voies respiratoires et une diminution de la capacité respiratoire. À long terme, la chicha est associée à un risque accru de développer divers types de cancers, des maladies cardiovasculaires, des affections respiratoires chroniques et des problèmes de fertilité. Le partage de l'embout buccal augmente également le risque de transmission de maladies infectieuses.
Comparaison de la composition : qui contient quoi et en quelles quantités ?
Une analyse comparative de la composition des fumées de cigarette et de chicha met en lumière des différences notables en termes de quantités de substances toxiques inhalées. Une session de chicha, d'une durée moyenne de 45 minutes à une heure, expose le fumeur à un volume de fumée considérablement plus important que celui inhalé lors de la consommation d'une seule cigarette. Les estimations suggèrent qu'une session de chicha peut être l'équivalent de l'inhalation de la fumée de 100 cigarettes, voire plus, selon l'intensité et la durée de la session. Les fumeurs de chicha peuvent également être exposés à des concentrations plus élevées de certains métaux lourds, tels que le plomb et l'arsenic.
Voici un tableau comparatif des principaux composants toxiques que l'on retrouve dans les fumées de cigarette et de chicha :
- Nicotine : Présente dans les deux, mais en concentrations variables selon le type de tabac utilisé. Une cigarette renferme environ 10 à 12 mg de nicotine, dont 1 à 3 mg sont réellement absorbés par le fumeur. Une session de chicha peut exposer le consommateur à une quantité de nicotine comparable à celle contenue dans plusieurs cigarettes, voire une dizaine. Le taux d'absorption de la nicotine peut varier en fonction de la profondeur de l'inhalation et de la durée de la session.
- Monoxyde de carbone (CO) : Présent en quantités significativement plus élevées dans la fumée de chicha, en raison du processus de combustion du charbon. Les niveaux de monoxyde de carbone peuvent atteindre des valeurs 4 à 5 fois supérieures dans la fumée de chicha par rapport à celle de la cigarette. L'inhalation de monoxyde de carbone réduit la capacité du sang à transporter l'oxygène, entraînant une hypoxie.
- Goudrons : Présents dans les deux types de fumée, mais les quantités peuvent fluctuer en fonction du type de tabac et de la méthode de combustion employée. Les goudrons sont des agents cancérigènes reconnus qui se déposent dans les voies respiratoires et les poumons.
- Métaux lourds : Présents en faibles concentrations dans les deux cas, mais susceptibles de s'accumuler dans l'organisme au fil du temps, causant des effets toxiques sur divers organes. On retrouve notamment le plomb, le cadmium, et l'arsenic.
Il est essentiel de souligner que la fumée de chicha contient également des particules ultrafines, capables de pénétrer profondément dans les voies respiratoires et de causer des lésions importantes au niveau des cellules pulmonaires. Ces particules fines contribuent à l'inflammation et à l'irritation des poumons, augmentant le risque de maladies respiratoires chroniques. Les arômes ajoutés au tabamel peuvent également se décomposer lors de la combustion, générant des composés toxiques supplémentaires.
Impact sur la santé : les effets insidieux
La consommation de cigarettes et de chicha engendre une multitude d'effets délétères sur la santé, qui peuvent se manifester à court terme, mais surtout à long terme, affectant divers systèmes et organes du corps.
La cigarette : un tueur silencieux bien identifié
La cigarette demeure l'une des principales causes de maladies évitables et de décès prématurés à l'échelle mondiale. Elle est impliquée dans le développement de nombreux types de cancers, de maladies cardiovasculaires, de troubles respiratoires chroniques, ainsi que d'une multitude d'autres problèmes de santé graves. Les statistiques révèlent que le tabagisme est responsable d'environ 75 000 décès annuellement en France, ce qui représente une charge considérable pour le système de santé publique. L'espérance de vie d'un fumeur régulier est réduite en moyenne de 10 ans.
Voici une liste des principales affections associées à la consommation de cigarettes :
- Cancers : Cancer du poumon, de la gorge, de la bouche, de l'œsophage, de la vessie, du pancréas, du rein, et bien d'autres encore. Le cancer du poumon représente la principale cause de décès par cancer, tant chez les hommes que chez les femmes. 90% des cancers du poumon sont liés au tabagisme.
- Maladies cardiovasculaires : Infarctus du myocarde (crise cardiaque), accident vasculaire cérébral (AVC), artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI), entre autres. La cigarette favorise la formation de caillots sanguins et le rétrécissement des artères, augmentant ainsi le risque d'événements cardiovasculaires majeurs. Les fumeurs ont 2 à 4 fois plus de risque de développer une maladie coronarienne que les non-fumeurs.
- Maladies respiratoires chroniques : Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), emphysème, bronchite chronique, etc. La cigarette détériore les poumons et les voies respiratoires, rendant la respiration de plus en plus difficile. La BPCO est la quatrième cause de décès dans le monde.
- Autres problèmes de santé : Troubles de la fertilité chez l'homme et la femme, impuissance, cataracte, ostéoporose, complications pendant la grossesse, etc. Le tabagisme affecte également la santé bucco-dentaire, augmentant le risque de maladies des gencives et de perte de dents.
Le tabagisme passif, qui se définit comme l'inhalation involontaire de la fumée de cigarette par les non-fumeurs, constitue également un danger pour la santé. Il augmente le risque de développer des maladies cardiovasculaires, des affections respiratoires, ainsi que le cancer du poumon chez les individus non-fumeurs. Les enfants exposés au tabagisme passif sont plus susceptibles de souffrir d'infections respiratoires, d'asthme et d'otites.
La chicha : des risques souvent sous-estimés
Bien que la chicha soit fréquemment perçue comme une alternative moins dangereuse à la cigarette traditionnelle, elle comporte des risques significatifs pour la santé. La consommation de chicha expose le fumeur à des quantités importantes de substances toxiques et cancérigènes, ce qui accroît le risque de développer diverses maladies, souvent similaires à celles associées au tabagisme classique. Le type de tabamel utilisé et la fréquence des sessions influencent grandement le niveau de risque.
Voici une liste des principales maladies associées à la consommation de chicha :
- Cancers : Cancer de la bouche, du poumon, de l'œsophage, de l'estomac, etc. La fumée de chicha contient des agents cancérigènes capables d'endommager les cellules et de favoriser le développement de tumeurs malignes. Le risque de cancer de la vessie est également accru chez les fumeurs de chicha.
- Maladies respiratoires : Bronchite chronique, emphysème, etc. La fumée de chicha irrite les voies respiratoires et peut entraîner des lésions pulmonaires irréversibles. L'asthme peut être exacerbé par la consommation de chicha.
- Maladies cardiovasculaires : Infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, etc. La fumée de chicha contribue à la formation de caillots sanguins et au rétrécissement des artères, augmentant ainsi le risque d'événements cardiovasculaires graves. Les fumeurs de chicha présentent un risque accru d'hypertension artérielle.
- Problèmes de fertilité : La chicha peut altérer la fertilité, tant chez les hommes que chez les femmes. Chez les hommes, elle peut affecter la qualité du sperme, tandis que chez les femmes, elle peut perturber le cycle menstruel.
- Infections : Le partage de l'embout buccal favorise la transmission de maladies infectieuses, telles que l'herpès, la tuberculose, et d'autres infections respiratoires. L'utilisation d'embouts individuels jetables peut réduire ce risque.
Le monoxyde de carbone, présent en concentrations élevées dans la fumée de chicha, peut provoquer une hypoxie, c'est-à-dire un manque d'oxygène au niveau des tissus, ce qui peut avoir des conséquences néfastes sur le fonctionnement du cerveau et du cœur. Les femmes enceintes qui fument la chicha présentent un risque accru de complications pendant la grossesse, telles que la naissance prématurée et le faible poids de naissance.
Le tabagisme passif lié à la chicha constitue également une menace pour la santé. L'air ambiant est fortement contaminé par la fumée et les émanations du charbon, ce qui accroît les risques pour les personnes non-fumeuses, en particulier les enfants et les femmes enceintes. Il a été mesuré que les concentrations de particules fines dans un établissement servant la chicha peuvent être jusqu'à 10 fois supérieures à celles observées dans un bar où l'on fume des cigarettes. De plus, les arômes artificiels présents dans le tabamel peuvent causer des réactions allergiques chez certaines personnes.
Comparaison des risques : plus de fumée, plus de danger ?
L'analyse comparative des risques associés à la cigarette et à la chicha démontre que les deux modes de consommation du tabac sont préjudiciables à la santé. Cependant, en raison du volume de fumée inhalé lors d'une session de chicha, les risques pourraient s'avérer encore plus importants que ceux liés à la cigarette. Un fumeur de chicha inhale en moyenne 90 litres de fumée par session, comparé à environ 500 ml par cigarette. Le nombre de bouffées tirées lors d'une session de chicha est également beaucoup plus élevé que pour une cigarette.
Il importe de souligner que l'absence de "preuves irréfutables" attestant d'un risque moindre associé à la chicha ne signifie en aucun cas l'inexistence de ce risque. L'accumulation de données scientifiques tend plutôt à suggérer le contraire. Les études épidémiologiques qui comparent les taux de maladies chez les fumeurs de cigarettes et les fumeurs de chicha révèlent que les deux groupes présentent un risque accru de développer diverses pathologies, notamment des cancers et des maladies cardiovasculaires. Il est également important de considérer le risque de transmission de maladies infectieuses lié au partage de l'embout buccal lors des sessions de chicha collectives.
La perception du risque joue également un rôle déterminant dans les comportements. La chicha est souvent perçue comme moins dangereuse que la cigarette en raison de son image de convivialité et de détente. Cette perception erronée peut inciter les individus à consommer de la chicha plus fréquemment et à sous-estimer les dangers potentiels. 34% des jeunes adultes pensent que la chicha est moins dangereuse que la cigarette, une perception souvent alimentée par la saveur agréable et les arômes fruités du tabamel. Les campagnes de sensibilisation doivent donc cibler cette perception erronée pour informer correctement le public des risques réels liés à la chicha.
Dépendance : l'attrait de la nicotine et des rituels
La dépendance à la nicotine joue un rôle prépondérant dans la perpétuation de la consommation de cigarettes et de chicha. La nicotine est une substance psychoactive qui engendre une forte dépendance physique et psychologique, rendant difficile l'arrêt de la consommation de tabac, quelle que soit sa forme.
La cigarette : une addiction bien rodée
La nicotine présente dans la cigarette agit au niveau cérébral en stimulant la libération de dopamine, un neurotransmetteur associé au plaisir et à la récompense. Cette stimulation renforce le comportement de fumer et conduit à la dépendance. Les fumeurs ressentent un besoin impérieux de fumer afin d'éviter les symptômes de sevrage désagréables, tels que l'irritabilité, l'anxiété, les difficultés de concentration et les troubles de l'humeur. Environ 70% des fumeurs souhaitent arrêter de fumer, mais seulement 5% y parviennent sans aide extérieure.
Les facteurs psychologiques et sociaux contribuent également à la dépendance à la cigarette. L'habitude de fumer, le stress, l'influence sociale et les associations positives avec la cigarette peuvent renforcer la dépendance. Le conditionnement associé à certains moments de la journée ou à certaines situations peut également déclencher l'envie de fumer.
- Le manque de nicotine provoque des symptômes de sevrage désagréables, ce qui incite le fumeur à continuer à fumer pour les éviter. Ces symptômes peuvent durer plusieurs semaines ou mois après l'arrêt du tabac.
- Les rituels associés à la cigarette, tels qu'allumer une cigarette après un repas ou pendant une pause, renforcent la dépendance en créant des associations mentales fortes.
- L'influence sociale, en particulier chez les jeunes, peut inciter à commencer à fumer et à maintenir la dépendance, en raison de la pression des pairs et de l'image associée au tabagisme.
La chicha : une dépendance progressive, mais bien réelle
Le tabamel utilisé dans la chicha contient également de la nicotine, ce qui peut entraîner une dépendance similaire à celle de la cigarette. Bien que la concentration de nicotine dans le tabamel puisse varier en fonction du type de tabac employé, la quantité de fumée inhalée lors d'une session de chicha peut exposer le fumeur à des doses considérables de nicotine. Le temps passé à fumer la chicha et la profondeur des inhalations contribuent à l'absorption de nicotine.
Les rituels associés à la chicha, tels que la préparation du narguilé, le partage de l'embout buccal et l'ambiance conviviale, peuvent également renforcer la dépendance psychologique. La chicha est souvent consommée en groupe, ce qui peut créer un sentiment d'appartenance et de plaisir qui renforce l'envie de fumer. Les bars à chicha contribuent à normaliser cette pratique et à encourager la consommation régulière.
Les arômes sucrés et fruités ajoutés au tabamel peuvent rendre la chicha plus attrayante, en particulier pour les jeunes, et masquer le goût amer du tabac. Cela peut favoriser une consommation plus importante et une dépendance accrue. Ces arômes peuvent également créer une illusion de sécurité, incitant les consommateurs à sous-estimer les risques liés à la chicha.
- La convivialité associée à la consommation de chicha peut masquer les dangers de cette pratique, en créant un sentiment de partage et de plaisir qui occulte les risques pour la santé.
- Les saveurs attrayantes du tabamel, en particulier les arômes fruités et sucrés, encouragent une consommation prolongée, en masquant le goût désagréable du tabac et en rendant la fumée plus agréable à inhaler.
- Le partage du narguilé crée un lien social qui peut renforcer la dépendance, en associant la consommation de chicha à des moments de convivialité et de partage entre amis.
Comparaison de la dépendance : nicotine, rituel et perceptions
L'étude comparative des niveaux de dépendance physique et psychologique associés à la cigarette et à la chicha révèle que la dépendance à la nicotine peut être tout aussi intense avec la chicha, en dépit de la perception d'une fumée plus "douce". Il est crucial de reconnaître que la dépendance à la nicotine est une affection chronique qui peut être difficile à surmonter, nécessitant souvent une aide extérieure et un soutien psychologique. Le sevrage tabagique, qu'il s'agisse de cigarettes ou de chicha, peut entraîner des symptômes physiques et psychologiques désagréables qui nécessitent une prise en charge adaptée.
L'arrêt de la chicha peut s'avérer aussi ardu que l'arrêt de la cigarette. Les symptômes de sevrage peuvent être similaires, notamment l'irritabilité, l'anxiété, les difficultés de concentration et l'envie irrépressible de fumer. Les stratégies de sevrage envisageables comprennent la thérapie comportementale, les substituts nicotiniques (patchs, gommes, etc.) et, dans certains cas, des médicaments prescrits par un médecin. Le soutien d'un professionnel de la santé peut augmenter les chances de succès du sevrage.
- La dépendance à la chicha est souvent sous-estimée, en raison de la perception erronée d'une fumée moins nocive et d'une consommation moins addictive que la cigarette.
- Les mêmes mécanismes de dépendance liés à la nicotine s'appliquent à la cigarette et à la chicha, ce qui signifie que les fumeurs de chicha sont également susceptibles de développer une forte dépendance physique et psychologique.
- Le sevrage de la chicha requiert un soutien et des stratégies adaptées, similaires à celles utilisées pour l'arrêt de la cigarette, afin de gérer les symptômes de sevrage et d'éviter les rechutes.
La chicha comme "alternative" : mythes et réalités
La chicha est souvent présentée comme une option moins dangereuse que la cigarette, mais cette perception est largement fondée sur des idées reçues et des mythes persistants, plutôt que sur des preuves scientifiques solides.
Les arguments en faveur de la chicha comme alternative (et pourquoi ils sont trompeurs)
Certains arguments sont fréquemment avancés pour justifier l'idée que la chicha représente une alternative moins nocive à la cigarette traditionnelle. Toutefois, ces arguments se révèlent fallacieux et ne tiennent pas compte des données scientifiques actuelles.
- Filtration par l'eau : On prétend souvent que l'eau filtre efficacement les substances toxiques contenues dans la fumée de chicha. En réalité, l'eau ne retient qu'une infime partie des composés nocifs, laissant passer la majorité des toxines. La filtration par l'eau est donc loin d'être une protection efficace contre les dangers de la fumée de chicha.
- Fumée "moins chaude" : On pense à tort que la température de la fumée de chicha est moins élevée que celle de la cigarette, ce qui réduirait l'irritation des voies respiratoires. Cependant, même si la fumée peut sembler plus fraîche, elle n'en demeure pas moins nocive et chargée de substances cancérigènes.
- Consommation moins fréquente : On considère parfois que la consommation de chicha est moins régulière que celle de la cigarette, ce qui atténuerait l'exposition aux substances toxiques. Néanmoins, le volume de fumée inhalé lors d'une unique session de chicha est bien plus important que celui inhalé lors de la consommation d'une cigarette, ce qui compense largement la fréquence moins élevée. Une session de chicha peut durer plus d'une heure, exposant le fumeur à une quantité de fumée équivalente à plusieurs paquets de cigarettes.
Les raisons pour lesquelles la chicha ne peut être considérée comme une alternative plus sûre
La chicha ne saurait être considérée comme une alternative plus sûre à la cigarette pour plusieurs raisons fondamentales, qui mettent en évidence les risques réels associés à cette pratique :
- Le volume de fumée inhalé : Une seule session de chicha équivaut à fumer un nombre considérable de cigarettes en termes de volume de fumée inhalé et d'exposition aux substances toxiques. Les fumeurs de chicha absorbent une quantité de fumée plusieurs fois supérieure à celle inhalée lors de la consommation d'une cigarette.
- La composition de la fumée : La fumée de chicha renferme des substances toxiques et cancérigènes, même si elle présente un goût agréable et des arômes attrayants. La présence de monoxyde de carbone, de métaux lourds et de particules fines contribue à la toxicité globale de la fumée.
- La dépendance à la nicotine : La chicha peut induire une dépendance aussi forte que celle causée par la cigarette, en raison de la présence de nicotine dans le tabamel. La dépendance à la nicotine rend difficile l'arrêt de la consommation de chicha et peut entraîner des symptômes de sevrage désagréables.
- Le risque de maladies : La chicha est associée à un risque accru de développer diverses maladies, notamment des affections respiratoires, des maladies cardiovasculaires et des cancers. Les fumeurs de chicha sont également plus susceptibles de souffrir d'infections respiratoires et de problèmes de fertilité.
Il est crucial de souligner que la consommation de chicha est particulièrement préoccupante chez les jeunes, car elle peut les inciter à commencer à fumer des cigarettes et à développer une dépendance à la nicotine, les exposant ainsi à des risques accrus pour leur santé à long terme. Les jeunes qui fument la chicha sont également plus susceptibles de consommer d'autres substances nocives, telles que l'alcool et les drogues.
L'influence des perceptions et des normes sociales
Les perceptions culturelles et sociales qui entourent la chicha contribuent à banaliser sa consommation et à minimiser ses dangers. La chicha est souvent associée à la convivialité, au partage et à la détente, ce qui peut occulter les risques réels pour la santé. Les normes sociales qui encouragent la consommation de chicha, en particulier dans certains groupes culturels, peuvent également rendre difficile l'arrêt de cette pratique. Les influenceurs sur les réseaux sociaux contribuent également à promouvoir la chicha auprès des jeunes.
Les médias et la publicité jouent également un rôle dans la promotion de la chicha, en véhiculant une image positive et séduisante de cette pratique. Il est donc essentiel de sensibiliser le public aux dangers de la chicha et de combattre les idées reçues qui la présentent comme une alternative moins dangereuse à la cigarette. Les campagnes de prévention doivent cibler les jeunes et les communautés où la consommation de chicha est plus répandue.
L'industrie du tabac a souvent ciblé les jeunes et des communautés spécifiques avec des campagnes de marketing pour la chicha, en utilisant des arômes attrayants et des designs modernes pour séduire de nouveaux consommateurs. Les arômes et les designs attrayants des narguilés contribuent également à sa popularité, en masquant les dangers réels et en créant une expérience sensorielle agréable. Il est donc crucial de réglementer la publicité et la commercialisation de la chicha, afin de protéger les jeunes et de prévenir la dépendance.
Une alternative à la cigarette et à la chicha est l'e-cigarette avec un e-liquide de qualité.